L’aventurier que je suis a encore parlé. J’ai préféré louper le repas, et éviter de me coltiner le duo gagnant que sont mes parents. Je vous jure, éviter la maison est clairement le mieux à faire. Comme je suis un garçon aventurier et plein d’imagination, je repense à cette petite baraque abandonnée près du bord de la route, à la sortie de la ville. Je me rappelle également m’être dit en passant devant qu’un jour, j’y ferai une petite improvisée histoire de m’amuser. Un mensonge à mes parents comme quoi je n’ai pas faim et que je reste dans ma chambre (avec interdiction de me déranger), et voilà que la voie est libre. Je ne perds pas une minute et me rends à pied jusqu’à la baraque en question. Toujours aussi téméraire, jusqu’au jour où il se passera quelque chose. La nuit ne m’a jamais fait peur, et ce ne sont pas les dernières nouvelles qui vont m’inciter à rester cloîtré chez moi. Je suis impatient de pousser ce qu’il reste de la porte d’entrée et découvrir ce qui se cache derrière. C’est ce qui se produit quelques minutes après. Je n’hésite même pas, aucun tremblement. Il fait nuit, il n’est pas forcément tard, et personne ne pourra venir me déranger dans mon exploration. Enfin, c’est ce que j’ai cru. « Et merde » est ma pensée la plus directe en voyant la voiture de police ralentir et s’arrêter devant la maison. La vitre est baissée et je peux donc voir le conducteur. Je découvre alors un homme, certainement déjà vu au poste ou bien traîner dans la ville. Faut dire qu’on apprend rapidement à tous se connaître ici, et l’intimité n’a clairement aucune place dans les rues d’Hawkins. Il me questionne sur ma présence ici et je suis bien sûr le plus franc possible. De toute façon, je ne vais pas lui dire que je vis ici, parce que de un, la maison est pitoyable, de deux, il me connait et de trois, il sait que cette baraque n’a pas vu d’habitants depuis des lustres. « Aller au poste ? Non, c’est pas une obligation. S’il vous plaît. » Pas de blabla, il me fait grimper dans la voiture.

Je pense alors à mes parents lorsqu’ils débarqueront ici pour venir me chercher. Ma mère qui me criera que je ne suis qu’un enfant turbulent, que je n’en fais qu’à ma tête et qu’en plus de ça, j’invite des mensonges. Bon, elle n’a pas tort mais c’est son petit air de bourgeoise qui va m’énerver. Mon père, il va me priver de sortie ou quelque chose qui s’en rapproche. Je me retrouve donc assis dans un bureau, de je ne sais trop qui encore. J’ai le temps d’observer tout le bordel qui se trouve entre ces quatre murs. Ils pourraient faire un effort quand même, ils ne vont pas me faire croire qu’ils n’ont pas le temps. Hawkins, c’est une ville endormie avant tout, du moins jusqu’aux récents évènements. Mon regard se dirige vers la porte lorsque j’entends cette dernière s’ouvrir. Je ne sais pas à qui j’aurais à faire cette fois-ci. Peut-être la jeune femme brune, toute fine. Celle qui a déjà vu mes parents, celle que je commence à connaître après mes deux ou trois visites ici. « Je visitais juste une baraque. Je suis innocent. » Je me pince les lèvres pour ne pas rire, loin de me douter que la jeune femme, répondant au nom de Trinity Wargrave, a autre chose à me dire.