Le garçon est assis au fond de la large pièce blanche. En tailleur contre le mur, son attention semble être portée sur un ravissant papillon bleu dans le creux de sa main. Ses yeux s'illuminent face à l'insecte, tandis que son nez rougit légèrement. Une vraie passion pouvait jusqu'alors se lire dans son regard. Seulement, des bruits de pas l'écartent rapidement de ses rêveries... La porte de la chambre s'ouvre soudainement, un homme en blouse blanche entrant sans crier gare dans l'intimité du jeune garçon... C'est alors avec un regard extrêmement noir qu'il se fait accueillir. Des yeux emplis de méchanceté lui transpercent le regard... Le scientifique semble cependant ne pas y faire plus attention. Au lieu de cela, il s'approche rapidement de l'enfant, lui attrapant violemment le bras ! Un mince cri, le garçon ne veut pas se laisser faire...

L'homme se fait bientôt plus violant, relevant de force le garçon encore prêt à se battre. Il tente de conduire son sujet vers la sortie de la chambre lorsque des battements dans l'air se mettent à lui raisonner dans les oreilles... Ne prenant pas plus gare à ces sons, le scientifique avance accompagné de l'enfant. Un dernier cri... Un raisonnement sourd se fait entendre dans toute la pièce ! En quelques secondes, une multitude d'insectes ailés s'échappent du corps du petit garçon. Une nuée vrombissante de bêtes répugnantes se lançant rapidement dans une danse folle autour de l'homme en blouse blanche ! Le spectacle est sale, rythmé par les gestes saccadés du scientifique afin de se dépêtrer de la situation. C'est lorsque les insectes infectent ses yeux que l'homme tombe enfin au sol, le regard perdu dans le vide...

Ce n'est qu'après dix longues secondes qu'il reprend enfin ses esprits, tombant nez-à-nez avec le regard malicieux du gamin. Ce dernier lui rit au visage...Plus aucun insecte... Plus rien. Seul l'amusement de l'enfant se fait désormais entendre dans la chambre, tandis que de fines gouttes de sang s'échappent de ses narines. L'homme en blouse blanche se relève d'un bond, fou de rage ! Toute sa colère est tourné vers le petit con face à lui. S'approchant en deux pas du jeune homme, le scientifique le frappe à la mâchoire... Un coup violent, incontestablement destiné à faire mal. Son regard est presque animal, il voudrait voir ce gamin mort, mais cela n'est pas en son pouvoir... Son "adversaire" est désormais à terre, ses mains cachant sa bouche. Le scientifique sent son estime reprendre peu à peu le dessus, lorsque de nouveaux rires se font entendre. Le gamin s'accroupit, exposant sa mâchoire saignante à son agresseur avant de lui cracher sur les chaussures... L'action de trop, très probablement.

Un second coup partie très rapidement dans le visage du pauvre gamin, se fracassant violemment le crâne contre le mur. Son rire ne s'arrêtait pourtant pas, probablement devenu désormais nerveux... Cependant, la chose avait le don d'énerver son agresseur, qui s'empressa d'attraper le garnement par le col et de le sortir de la chambre. S'il ne pouvait pas le tuer, il pourrait au moins lui faire passer une série de tests bien douloureux ! Ainsi le traina-t-il de force le long des longs couloirs blancs. Le petit se débattait à peine, bien trop amoché par les coups. Ses rires presque aliénés étaient désormais son unique défense face à ce scientifique, qui vraisemblablement craquait de plus en plus face à sa "joie"... Cela devait maintenant faire quatorze ans que le gosse logeait dans ce laboratoire ! Une véritable plaie pour tout le personnel. Beaucoup d'entre eux voulait probablement sa peau, ayant été tous victime au moins une fois du passe-temps horripilant du petit con... Non ! Aujourd'hui, son petit jeu était terminé. Ce rat de laboratoire allait tant souffrir qu'il ne tenterait plus jamais quoi que ce soit en lien avec son don. Si la possibilité de le détruire physiquement était strictement interdite, le détruire moralement pouvait en revanche être une "malencontreuse" mauvaise réaction aux tests...

L'homme en blouse blanche tenait sa victime par le T-shirt. Il marchait lourdement dans les couloirs du laboratoire, bientôt arrivé dans les salles d'opération. Un léger sourire sadique se dessinait sur ses lèvres, tandis que la destination fatale se rapprochait ! Pas à pas, son désir de voir ce gamin détruit se réalisait un peu plus... Il devait rester à peine quelques mètres entre eux et les "salles de torture" lorsque le sol se mit à se fissurer... Les lumières grésillaient et les murs tremblaient de plus en plus fort ! L'homme en blouse blanche s'arrêta un instant, reprenant maladroitement une certaine stabilité sur ses jambes... Il tenta de continuer sa marche lorsqu'une gigantesque fissure déchira le parquet sous ses pieds ! Son contrôle était totalement perdu. Ses jambes lâchèrent et son corps entier fut entraîné... Le scientifique se sentit tomber dans un abîme noir. Il hurla, tombant avec une incroyable vitesse dans ce gouffre béant ! Son coeur battait extrêmement vite, lorsque sa tête se cogna violemment contre un sol froid... Il respirait encore, et la douleur était étonnamment superficielle. Ouvrant ainsi doucement les yeux, l'homme tomba une fois de plus sur le regard moqueur de ce petit con... Étalé comme un idiot sur le parquet blanc du couloir, il faisait désormais office de clown pour l'enfant. Sa rage n'avait jamais été forte ! Des larmes de colère pouvaient presque être aperçu dans ses yeux, tandis que le garçon face à lui se tordait littéralement de rire. La mâchoire et le nez de ce dernier étaient complètement en sang. Une épaisse flaque pourpre couvrait désormais le sol... Pourtant, rien ne pouvait empêcher le petit de s'esclaffer. Le scientifique était parfaitement ridicule, et son pauvre cri désespéré avait probablement été la cerise sur le gâteau !

Trop... Tout était trop... Ce petit l'avait véritablement poussé à bout ! L'homme n'avait plus aucune raison. Tout était en sa défaveur ! Probablement devait-il qui plus est sortir d'une journée de travail particulièrement difficile. Quoi qu'il en soit, peu importait l'homme qui devait prendre en charge le jeune spécimen numéro deux, tout se passait toujours mal avec lui ! Aujourd'hui, peut-être était-il tombé sur un médecin particulièrement instable... De la mauvaise chance ? Un retour à l'envoyeur ? Peut-être un peu des deux. Il n'y avait désormais plus de mots pour décrire l'état de rage dans lequel l'homme baignait. Un esprit assez animal s'empara de lui pour se jeter tête la première sur le gamin encore au sol ! Un combat gagné d'avance pour le fou furieux, c'était indéniable. En combat rapproché, la pauvre petite brindille n'avait aucune chance, illusions ou pas... L'homme attrapa ainsi vivement le cou de sa victime, serrant bientôt de toutes ses forces ! Le sang de l'enfant coulait à flots par ses narines. Il tentait probablement là de se protéger par son pouvoir, mais rien n'y faisait... Aucune illusion ne pouvait désormais dissuader son agresseur d'en finir avec lui. Après tout, ici il n'était rien ! Qu'un rat de laboratoire. Un spécimen jugé "inutile" pour son manque de compétence intéressante... La seule raison pour laquelle il était encore en vie devait être pour le disséquer un jour ou l'autre. Il n'y avait rien d'autre à faire de lui !

La fin du spécimen deux semblait proche. À vrai dire, il ne s'accrochait même pas tant que ça à la vie ! Peut-être aurait-il pu se défendre bien mieux que cela grâce à ses restes de force... Pourtant non... Quelques gigotements, rien de plus. L'homme prenait cette opportunité avec un malin plaisir ! Il n'entendrait plus jamais parler de ce petit con. Dans une ultime poussée de rage, le scientifique tenta de donner une dernière impulsion afin de briser le cou à sa victime ! Ses mains se serrèrent à peine plus à la gorge du gamin que l'homme se fit projeter en l'air avec une force surhumaine. Il vint s'écraser violemment contre le mur, perdant connaissance en ce brisant la nuque. L'enfant se releva rapidement, tentant de comprendre la situation ! Ses tympans vibraient, son coeur battait la chamade et son cerveau grésillait... Il put cependant reconnaître l'un des enfants du laboratoire, debout face à lui, une épaisse goutte de sang perlant sous son nez. Leur regard se croisa pendant de longues secondes... « C'est le moment. » commença le biokinésiste... « Il est temps de foutre la merde par ici ! »

Tous deux s'étaient très bien compris... La révolte des pensionnaires pendait déjà depuis quelques semaines au nez de ce laboratoire ! Spécimen numéro deux avait un avis parfaitement clair sur ces événements... À vrai dire, il voulait directement faire partie de cette révolte ! S'il en avait eu la capacité, numéro deux aurait rêvé pouvoir détruire à lui seul cette prison blanche. Faire souffrir par la même occasion tous ces docteurs psychopathes... Pour l'instant cependant, reprendre son souffle était une excellente idée avant de se joindre à la rébellion. Numéro deux était à vrai dire exténué... L'utilisation de son pouvoir couplé aux coups portés par ce fou furieux n'avait pas eu un impact très bénéfique sur sa santé. Le garçon était ainsi resté assis dans le couloir lorsque les choses sérieuses arrivèrent... Le sol s'était cette fois-ci réellement mis à trembler. Les murs vibraient et les lumières tanguaient dangereusement, menaçant de s'éteindre... Des cris se mirent à retentir dans toutes les directions. Autant adultes qu'enfantins... La situation devait forcément avoir dérapé, aussi numéro deux n'était-il pas là afin de prendre conscience pleinement des événements. Il s'était contenté de se relever faiblement, s'accrochant tant bien que mal aux murs afin de ne pas se fracasser une fois de plus le crâne contre le sol.

Le gamin n'avait aucune idée de ce qui se tramait, mais une chose était sûre : c'était le moment de passer à l'action ! Vraisemblablement, tout le personnel du laboratoire était en alerte. L'alarme ne tarda pas à retentir à son tour, arrachant un mince cri de douleur à numéro deux... Il était désormais temps pour lui de se joindre à la situation. Le gamin avait rêvé jour et nuit de ce jour ! D'enfin pouvoir contrôler pleinement les actions qu'il avait pour dessein d'entreprendre ! Foutre un bordel monstre... Trouver une porte de sortie et enfin quitter l'enfer dans lequel il était né. Ainsi se mit-il en route... Les longs couloirs du laboratoire n'étaient plus un labyrinthe depuis longtemps pour le jeune homme. Il connaissait l'emplacement des chambres, des salles d'opération, des bureaux administratifs, et des cellules d'isolement... Ces dernières étaient en ce moment même une destination particulièrement intéressante pour l'esprit anarchiste de numéro deux ! Seuls les plus instables pensionnaires, les plus dangereux étaient placés dans ce genre de cellules. Lui-même y avait déjà fait quelques tours... S'il souhaitait contribuer à la destruction de ce laboratoire, relâcher les prisonniers "dangereux" semblait une idée parfaite !

Sa course folle s'acheva ainsi face au geôlier. L'homme était étonnamment resté à son poste, et ce malgré le vacarme ambiant... Peu importait, la douleur n'était désormais plus un obstacle pour numéro deux ! Sa souffrance atteignait déjà en ce moment une limite qu'il n'avait probablement jamais jusqu'alors franchie. Ainsi fut-il assez aisé pour le garçon de recourir de nouveau à ses pouvoirs... La chose aurait probablement été impossible si son état de stress ne lui avait pas donné tant d'adrénaline ! Pourtant, c'est avec brio que numéro deux dupa le geôlier en prétendant prendre sa relève en tant que haut fonctionnaire du laboratoire... Son illusion sembla parfaitement faire l'affaire, malgré la dose ahurissante de sang que l'enfant perdit suite cette utilisation abusive. « Viens, vite, vite ! Il faut partir ! » Lança-t-il en ouvrant la porte de la première cellule, utilisant la clef subtilement acquise de la main du geôlier... Derrière lui, de nombreux enfants couraient à la recherche de sortie. probablement n'était-il pas le seul à délivrer ses congénères (bien que lui ne le fasse pas par véritable altruisme...). Numéro deux acheva d'ouvrir les portes de six cellules au total, avant de prendre à son tour la fuite en quête de rêve de liberté !

Si la situation n'avait pas été si désespéré pour ce foutu laboratoire, numéro deux n'aurait probablement eu aucune chance de pouvoir sortir... Son état était presque digne d'un cadavre ! Il avait perdu beaucoup de sang, mais surtout, il était extrêmement fatigué. Bien que courant le plus rapidement possible, numéro deux restait certainement le plus lent des enfants... Il suivait bêtement le flot, titubant et secouant la tête en évitant un malaise. Sa manœuvre sembla bien marcher, et c'est avec le plus grand étonnement que numéro deux sentit le vent lui caresser le visage... Ses espoirs d'enfin pouvoir vivre se multiplièrent en une fraction de seconde, tandis que le garçon quittait peu à peu le complexe scientifique qui l'avait retenu prisonnier depuis quatorze ans ! Numéro deux n'avait aucune idée d'où il se trouvait, ni ce qu'il entreprendrait désormais de faire, mais peu importait ! Ayant toujours vécu dans le présent (qui jusqu'alors ne se résumait qu'à ennui et douleur) le garçon n'était empli que par un sentiment de sécurité comme retrouvée, et évidemment... De liberté.

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