Who are you ? [Ft. Noé Roberts]

Sujet: Who are you ? [Ft. Noé Roberts] Mar 23 Jan - 15:02

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Type du sujet : [] Flash-Back [x] Présent
Date du rp : 10 janvier
Matin, après-midi, soir : 18h
Météo (approximative) : Froid
Statut du sujet : [] libre [x] privé
Statut du rp : [x] en cours [] terminé
Le maître du jeu peut débarquer à l'improviste : [x] oui [] non
Commentaire :

Dans un quartier tranquille de la banlieue de Hawkins, le jour tombait lentement mais sûrement en cette fin d'après-midi, et une silhouette jeta un coup d’œil à sa montre afin de s'assurer qu'elle était dans les temps. 17H56. Bientôt, celui avec qui elle entendait bien avoir une discussion rentrerait chez lui, et il ne pourrait alors pas reculer. Pas fuir. Pas nier non plus cette évidence qui dormait en chacun des objets qu'abritait sa maison …

Treize s'était échappé du laboratoire depuis presque deux mois mais tout récemment, il avait été blessé par l'un des agents de la CIA. Blessé au point d'avoir poussé la porte d'un généticien – Noé Roberts – qui travaillait lui-même au labo et représentait donc une menace pour lui ! Mais malheureusement, Treize n'avait jamais été quelqu'un de très prudent – confinant plutôt à la naïveté – et Andy entendait bien le protéger. Ce frère qu'elle avait dû abandonner bien des années auparavant et qui se retrouvait désormais perdu dans Hawkins. Planqué chez le vétérinaire local qui, s'il semblait honnête, ne pourrait en revanche par le protéger si jamais cela s'avérait utile. Allié de fortune au milieu de tous ces ennemis que le jeune homme semblait avoir bien des difficultés à détecter.

Andy allait peut-être mettre sa couverture en danger, mais elle était prête à tout pour sauver Treize !

Depuis qu'il s'était enfui, elle avait ainsi conservé un œil attentif sur lui, et sa psychométrie lui avait ainsi permis de le suivre à bonne distance. Via Alexander Woods, le vétérinaire qui l'hébergeait. Via Joyce Byers, sa collègue qui lui avait permis de découvrir bien des choses concernant cette créature qui rôdait en ville. Via Rebecca Faron, cette gamine pas très nette qui trempait dans des affaires louches … en rapport évidemment avec la CIA. De ces agents qui passaient à sa caisse sans jamais se méfier et lui offraient ainsi de précieuses informations qu'elle avait patiemment collectées. Une par une. Jusqu'à ce que ce fût Noé Roberts qui vînt faire quelques achats à la supérette, et là les choses s'étaient emballées !

Parce que la psychométrie de Andy n'était pas un pouvoir magique, et les règles en étaient même assez strictes. La jeune femme pouvait ainsi lire les objets en les touchant, et ces objets dévoilaient tout ce qui était arrivé à celui qui les tenait, mais il devait bel et bien avoir contact pour que la mémoire se fixât sur eux. Et ce même si dans des cas plus rares, des émotions extrêmement fortes pouvaient aussi se fixer indirectement. Mais comme elle l'avait expérimenté sous la houlette de la CIA, les objets ne transmettaient en revanche rien entre eux, et lire une sacoche ne lui permettait donc pas de connaître les informations écrites sur les papiers qu'elle pouvait contenir, par exemple.

Mais lorsque Noé était passé à sa caisse, elle avait pu lire ses pièces et ses billets en fin de journée – lorsqu'elle faisait les comptes et que plus aucun client n'était là – et là les révélations étaient tombées ! Comme beaucoup d'hommes, le docteur Roberts devaient sans doute conserver en tout temps quelques menues monnaies dans ses poches, et c'était ainsi que Andy avait retrouvé la trace d'un Treize blessé. Et d'un Treize qui savait bien mal choisir ses amis pour s'acoquiner ainsi avec un agent de la CIA ! Alors ni une ni deux, Andy avait foncé !

Attendant que le jour déclinât doucement, elle s'était discrètement introduite dans la maison des Roberts, et toucher les objets qui résidaient là lui avait permis de se faire une idée beaucoup plus précise de ce qui s'était déroulé là. Plus précise mais qui n'éviterait pas une confrontation avec le propriétaire des lieux …

Alors, la jeune femme avait coupé l'électricité, puis elle s'était assise dans un fauteuil qui faisait dos à la large fenêtre du salon. Se postant ainsi en contre-jour – pour le peu de lumière qui filtrait de l'extérieur en tout cas – tandis qu'il ne se découpait d'elle que la vague forme de sa tête dépassant du sofa. Tête qui était d'ailleurs dissimulée sous la capuche de sa veste, si jamais cela s'avérait nécessaire, mais en l'état, Noé ne pourrait clairement pas la reconnaître. Surtout qu'ils ne se connaissaient finalement que de vue. Un bonjour, quelques billets échangés, un au revoir. On ne sympathisait pas avec la caissière, d'autant plus lorsqu'elle était certes souriante mais pas très loquace pour autant.

Et lorsque sa proie passa finalement le seuil de sa porte, elle attendit qu'il refermât derrière lui. Tentât vainement d'activer plusieurs fois l'interrupteur. Puis elle signala enfin sa présence.

« Bonsoir monsieur Roberts. Vous m'excuserez pour cette intrusion, mais j'aurais besoin de vous parler. »

Sa voix était calme, posée, absolument pas menaçante.
Mais si jamais Noé tentait de repasser le seuil pour fuir, il pourrait se rendre compte que le pêne de la serrure était désormais bloqué dans son logement.

Who are you ?Sur sa chaise de bureau, il tourna lentement. Noé réfléchissait. Devant lui, un microscope avec un échantillon de sang. Le scientifique se redressa ensuite et nota quelques observations sur le papier. Ils avaient encore beaucoup de mal à parvenir à des conclusions déterminées. L’ambiance au laboratoire d’Hawkins était électrique. Tout le monde était surveillé d’extrêmement près et chacun devait remplir son rôle à la perfection sous peine de subir le courroux des supérieurs. Plusieurs expériences s’étaient échappées du labo, le shérif Jim Hopper accompagné de Joyce Byers et d’un sujet étaient même entrés par la force pour aller rechercher le jeune Will Byers dans l’Upside Down, quelques mois plus tôt. La CIA était sur les dents.

Un regard sur sa montre lui annonça qu’il était l’heure de remballer. Noé entreprit donc de ranger ses affaires puis récupéra sa sacoche dans laquelle il emportait quelques documents. Rien de compromettant, il était formellement interdit d’emmener quoi que ce soit provenant du labo jusqu’à son domicile. Sur ces feuilles, le scientifique avait simplement dessiné quelques molécules, ajoutés l’un ou l’autre mot en latin puis esquissé des croquis rapides. En somme, rien qu’une tierce personne ne pourrait comprendre. Mais cela lui permettait de faire office d’aide-mémoire.

Avant tous les incidents, Noé tâchait de passer voir un ou deux sujets pour leur souhaiter une bonne soirée. Il avait ses petits chouchous, ceux qu’il surprotégeait tel un papa ours. Malheureusement, depuis que tout Hawkins semblait décidé à contrecarrer les plans de la CIA, les mesures de sécurité avaient été renforcées. Noé ne pouvait donc plus se balader librement sur son lieu de travail, il devait donc tout de suite rentrer chez lui après ses heures de boulot. Ce fut donc ce qu’il fit, regagnant sa voiture garée sur le parking et quittant les lieux avec un reste d’amertume sur le cœur. Comment en vouloir à ces sujets de tenter de s’échapper ? La CIA les malmenait et ils n’avaient qu’une envie : fuir. Si seulement l’agence pouvait arrêter de sévir. Les scientifiques s’occuperaient de tout dans le calme et la maîtrise. Les sujets seraient nettement plus en sécurité qu’au-dehors, là où un monde cruel et sans pitié les attendait.

Noé se faisait énormément de souci pour ses protégés en fuite. Ceux-ci finiraient probablement par se blesser ou par mourir de froid, de faim ou attaqué par un prédateur en forêt. Et si certains avaient la chance de tomber sur des amis compréhensifs, d’autres tomberaient peut-être entre des mains malveillantes. Tout ce que Noé redoutait, c’était une nouvelle chasse aux sorcières. Une inquisition à Hawkins, un procès de Salem. Et inévitablement, si la naïve population venait à savoir ... les places publiques deviendraient bûchers ou potence. L’histoire ne faisait que se répéter, encore et encore.

Le véhicule traversa la forêt puis Mirkwood. Enfin, les habitations se dessinèrent et peu à peu, la ville prit le dessus sur le paysage champêtre. Noé parvint jusqu’à sa banlieue, un endroit plutôt agréable où il faisait bon vivre. Des maisons spacieuses s’alignaient les unes aux côtés des autres, chacune ayant son propre jardin et sa belle clôture. Certaines avaient même le labrador intégré. Si ce n’était pas là le cliché de bon vieil American Dream !

Noé rentra chez lui, pressa l’interrupteur mais aucune lumière ne jaillit de l’ampoule. Un grognement mécontent lui échappa, il allait devoir grimper au grenier et trifouiller dans les cartons pour en trouver une autre de réserve. Le scientifique était loin, très loin, de se douter de la vérité. D’ailleurs, quand une voix inconnue jaillit de son salon, son réflexe fut de bondir sur place et d’attraper le premier objet qui lui passait sous la main. Armé d’une statue pas plus grosse qu’une lampe de chevet, l’homme tourna la tête, cherchant la personne qui s’était introduite chez lui. « Qui êtes-vous ? Que faites-vous chez moi ? Comment connaissez-vous mon nom ? ».

Il distinguait la silhouette dans la pénombre, encapuchonnée. Malgré tout, il devinait une femme. La carrure n’était pas bien large au niveau des épaules et la voix avait trahi les fluctuations féminines. Noé n’était malgré tout pas rassuré du tout. Qui était-elle ? Et que venait-elle faire chez lui ? Le scientifique avait bien compris qu’elle voulait discuter mais de quoi ? Après tout, il n’était qu’un laborantin, rien de fabuleux. Cependant, même ça, elle ne devait pas en avoir la moindre idée. Comment aurait-elle pu savoir qu’il travaillait pour la CIA ? Ce devait être une blague ... « Parlez tout de suite ou j’appelle la police ».

Noé n’avait aucune intention de rester là, debout dans le noir, à fixer une silhouette inconnue et à attendre qu’elle ne daigne choisir son moment propice. Le scientifique déposa la statue et croisa les bras sur le torse. L’inconnue n’avait pas l’intention de l’attaquer. Si tel avait été le cas, elle n’aurait pas gâché sciemment l’effet de surprise en parlant. Elle aurait plutôt attendu, tapie dans l’ombre, qu’il ait le dos tourné pour lui bondir dessus. Noé ignorait ce que cette femme avait en tête mais ses manières d’agir ne lui plaisait pas du tout ...
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Sitôt qu'il avait entendu sa voix, Noé Roberts avait sursauté tout en attrapant une arme de fortune, mais Andy ne répondit rien. Préférant lui laisser quelques secondes pour débiter ses questions et ses menaces. Pour se calmer également. Et s'il ne tarda pas à reposer sa statuette sur le meuble le plus proche, son idée d'appeler la police ne manqua pas de tirer un sourire amusé sur le visage de la jeune femme. De ce sourire qu'il ne pourrait absolument pas remarquer là où elle pouvait en revanche suivre vaguement ses mouvements grâce à son regard habitué à l'obscurité. Pas au point de le voir distinctement – bien entendu – mais disons plutôt qu'elle percevait sa silhouette et donc certains de ses gestes.

« Je comprends que la manière puisse vous déplaire, mais il est essentiel que nous ayons une discussion. Et puis je doute que vous ayez vraiment envie de mêler la police à tout ça, n'est-ce pas, Docteur Roberts ? »

De sa voix toujours aussi calme, Andy venait d'ailleurs d'appuyer sur ce titre de ''docteur'', comme pour signifier à son interlocuteur qu'elle savait parfaitement qui il était. Information qui constituait à elle seule une menace sous-jacente qu'elle ne prit même pas la peine d'expliciter, préférant laisser le cerveau de Roberts travailler tout seul : pour savoir qui il était, elle ne pouvait être qu'une expérience ou un agent de la CIA. Et à vrai dire, ça servait plutôt la jeune femme qu'il pût se poser des questions sur qui elle pouvait bien être.

« Mais asseyez-vous, vous serez plus à l'aise. Je suppose que vous connaissez suffisamment bien la disposition de votre salon pour pouvoir rejoindre le canapé sans vous cogner. »

Bonne âme, Andréa faisait ainsi preuve d'une certaine sollicitude que Noé pourrait tout aussi bien prendre comme une menace, mais là encore tout cela la servait. Plus cet homme se poserait de questions, plus il s'inquiéterait … et plus il serait réceptif à ce qu'elle avait à lui dire. Apte à collaborer et à obéir également. Parce que même si elle était du genre obstinée et bornée – surtout lorsqu'il s'agissait de ses frères et sœurs – Andy n'était toutefois pas une adepte de la violence gratuite, aussi préférait-elle que tout se passât en douceur. Pour lui en tout cas.

Et après quelques instants pour lui permettre de s'asseoir s'il le souhaitait, la demoiselle remua légèrement dans le fauteuil afin de croiser ses jambes. Son regard toujours braqué sur sa silhouette obscure tandis qu'elle savait pertinemment bien qu'elle lui avait coupé toute retraite : porte verrouillée et téléphone débranché, Noé allait bien devoir l'écouter désormais.

« Il y a quelques jours, un jeune homme est venu vous voir, un jeune homme un peu particulier et qui répond au nom de Treize. Je veux en savoir plus sur ce qui s'est passé. »

Pourtant, Andy savait ce qui s'était passé justement, mais l'entendre de la bouche de cet homme rendrait les choses plus concrètes. De même que cela lui permettrait de s'assurer de son honnêteté en fonction de sa réponse. De son hostilité à son égard aussi d'ailleurs, parce qu'elle se doutait bien que son interlocuteur ne devait pas forcément goûter à ce genre de surprise.

Who are you ?Cette inconnue s’y prenait très mal. Elle croyait peut-être pouvoir l’impressionner ou l’intimider en débarquant illégalement chez lui et en lui rejouant une scène du Parrain. Sauf que tout ce que ladite personne parvenait à faire, c’était l’irriter. L’agacer et lui faire comprendre qu’impliquer la CIA allait être inévitable. Chose qui lui déplaisait au plus haut point pour tout un tas de raisons. A commencer par le fait que Noé ne tolérait pas les méthodes employées par l’agence et qu’il n’avait aucune envie que des agents viennent fourrer leur nez dans ses affaires personnelles. C’était déjà bien assez pénible de devoir la boucler au travail et fermer les yeux sur des atrocités, hors de question d’offrir sa vie privée en pâtures aux démons.

Quand elle prononça le mot « docteur », un léger sourire se dessina sur les lèvres du laborantin. Voilà, le point de non-retour venait d’être atteint. Clairement, elle venait de lui faire comprendre qu’elle savait pour son job, pour le labo. Autrement dit, elle était une menace. A partir du moment où Noé taisait cette menace à la CIA, il serait considéré comme un traître. Et le scientifique n’avait aucunement envie d’être pris pour un paria juste pour une inconnue malpolie et mal élevée. « Ah bon ? Vous savez aussi ce que je pense désormais ? Décidément, vous en avez des talents ». Son sarcasme ne manqua pas de claquer avec virulence dans l’air.

« Trop aimable de m’inviter à m’asseoir dans mon propre canapé ». Sa mauvaise humeur et son agacement suintaient de chacun de ses mots. L’homme ne put s’empêcher d’ajouter sur le même ton franchement irrité : « Tant que vous y êtes, invitez moi aussi à goûter à un bon verre de scotch de ma réserve. Puisqu’on y est ... ». Il secoua la tête, exaspéré. Noé se dirigea vers le canapé mais n’y prit pas place. Hors de question d’obéir au doigt et à l’œil d’une inconnue juste par caprice. Debout, bras fermement croisés sur le torse, il patienta. Ses yeux s’habituaient peu à peu à l’obscurité. S’il ne parvenait toujours pas à voir son visage, sa silhouette se dessinait de mieux en mieux. Il vit ses jambes se croiser et put noter la texture des vêtements.

Voilà donc ce qu’elle voulait ou plutôt qui elle voulait. Treize. Mais que lui voulait-elle ? Noé se pinça les lèvres et porta un doigt au menton, faisant mine de réfléchir. « Un jeune homme du nom de Treize ... non, ça ne me dit rien ». Armé d’un sourire plein de satisfaction, il se laissa lourdement tomber dans son canapé et étendit les bras sur le dossier de celui-ci. Noé était chez lui et n’appréciait clairement pas les manières de cette sombre intruse. Si elle croyait avoir la main sur quoi que ce soit, elle se fourrait le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Le docteur ne se priva d’ailleurs pas de l’en informer.

« Laissez-moi vous dire une petite chose, chère madame. Vous êtes idiote ». Il laissa planer un lourd silence, le temps que l’insulte flotte bien dans l’air et s’imprègne des murs de la maison. « Si vous croyez pouvoir échapper à la CIA, vous êtes complètement idiote ». L’homme se redressa légèrement et se pencha vers l’avant comme pour dire un secret à l’audacieuse inconnue. « Si vous croyez pouvoir débarquer chez moi et imposer votre bon-vouloir, encore une fois, vous êtes idiote ». Noé haussa les épaules, excédé. « Je n’ai rien à vous dire. Ni sur ce Treize ni sur personne. Maintenant dégagez de chez moi avant que je ne devienne moins poli ». Le scientifique toisa cette silhouette tapie dans l’ombre.

Il regrettait que Jay ne soit pas là pour l’aider à maîtriser cette folle furieuse. En même temps, mieux valait sans doute que son petit frère n’assiste pas à tout ça. Noé allait devoir gérer ça tout seul. « Dégagez de chez moi et emportez vos grands airs, ils vous donneront des rides avant l’heure ».
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Passé la surprise, Noé Roberts se voulait sarcastique tandis qu'il ne cherchait nullement à museler son agacement, mais Andy choisit de ne pas répondre. De ne pas bouger. D'ignorer purement et simplement ces démonstrations stériles d'autorité. Si cet homme voulait jouer au con, elle n'avait en revanche aucune envie d'entrer dans cette danse, et ça commençait par ne relever ni ses insultes ni ses menaces. Où comment avouer que même si Quinze conservait toujours un fort caractère, elle avait toutefois appris à se calmer avec les années, ce qui n'était franchement pas du luxe vu la mission qu'elle avait entrepris de mener depuis plus de cinq ans !

« Vos sarcasmes et votre agressivité ne servent à rien d'autre que nous faire perdre du temps, docteur Roberts. Encore une fois, je peux comprendre que vous n'appréciez pas de trouver une inconnue dans votre salon, mais il est nécessaire que nous parlions de Treize. »

Même si son interlocuteur était en train de lui faire son petit numéro, c'était bel et bien son frère qui était l'unique but de sa visite, alors autant recentrer d'emblée la conversation sur lui. Le tout débité d'un ton toujours aussi calme, comme s'ils n'étaient finalement que deux amis discutant de la pluie, du beau temps, et de la plantation des citrouilles à Hawkins.

« Je reprends donc : il y a quelques jours, Treize est venu vous voir avec une blessure à l'épaule, et il semblerait que vous l'ayez accueilli et hébergé ici. Pourquoi ? »

Son frère n'avait franchement pas l'air vaillant, et Roberts aurait donc pu le mettre hors d'état de nuire pour le capturer. Ou il aurait aussi pu contacter le laboratoire puis retenir Treize le temps que des agents aient le temps d'intervenir. Mais non. À la place, ils avaient longuement discuté et le scientifique semblait avoir cherché à rassurer son frère, lui proposant même de passer la nuit chez lui. En le cachant à l'autre habitant de la maison de surcroît. De cette attitude qui exacerbait la méfiance de Andy là où elle avait dû endormir celle de Treize, et c'était bien là le soucis.

« Vous auriez pu le dénoncer mais vous ne l'avez manifestement pas fait, pourquoi ? »

En l'espace de ces quelques jours, la CIA n'était pas sur les dents, et Quinze n'avait rien capté chez aucun des agents qu'elle surveillait. Et même si elle savait que sa technique n'était pas fiable à cent pour cent, ça laissait toutefois augurer que Roberts n'avait réellement rien dit à ses collègues. Et ça, c'était aussi intriguant qu'inquiétant quand on voyait quel genre de personnes travaillaient au laboratoire de Hawkins.

Who are you ?Il fallait lui accorder une chose : elle était drôle. L’inconnue parvenait à comprendre qu’il n’apprécie pas retrouver une tierce personne chez lui, non invitée et dissimulée dans la pénombre. Doux euphémisme. Et tandis qu’elle revenait sur le sujet d’expérience numéro treize, le laborantin s’armait d’un masque d’impassibilité. Malheureusement pour elle, cette personne avait tout fait à l’envers. Noé était un homme d’emblée plutôt sociable, plutôt sympathique. En d’autres circonstances et avec un autre angle d’approche, peut-être serait-elle parvenue à un résultat plus probant. Malgré tout, loin d’être stupide ou impressionnable, la jeune femme n’était parvenue qu'à étouffer dans l’œuf ses maigres chances d’amadouer Noé en le piégeant dans sa propre maison.

L’inconnue lui balança alors des informations qui déstabilisèrent le scientifique. Elle n’appartenait définitivement pas à la CIA. S’ils savaient de source sûre que Noé avait aidé une expérience de la sorte sans la dénoncer, ce n’était pas seulement son job qu’il perdrait. Sa tête aussi, y passerait. Mais dans ce cas, qui était-elle ? Et comment disposait-elle d’autant de détails qui pourtant, n’étaient restés qu’entre Treize et lui ? Le laborantin se faisait des dizaines de scénarios. Cette femme pouvait littéralement être n’importe qui. Mais concrètement, elle était surtout une menace. Une menace de très haut niveau. Sa question resta sans réponses. Noé ne lui dirait rien. Pas l’ombre d’une information utile. « Allez au diable ». Ça, par contre, il le lui cracha volontiers.

Et voilà qu’elle se permettait de lui demander des justifications. Pourquoi n’avait-il pas dénoncé Treize. Pourquoi ci, pourquoi ça. Mais pour qui se prenait-elle au juste ? Noé secoua la tête en guise d’agacement. « Ça suffit. Je ne vous connais pas et je déplore vos méthodes vicieuses d’interrogatoire. Je ne vous dirai rien, rien du tout. Si vous espérez que je me justifie auprès d’une sombre inconnue juste parce qu’elle me l’a demandé ... allez plutôt tenter de vous frapper la tête contre un mur, ça sera sûrement plus efficace ». Noé toisait cette silhouette dans la pénombre. Il la détestait sans même en avoir vu les traits du visage. « Vous perdez votre temps et plus vous restez là et plus j’obtiens d’informations sur vous. Je sais déjà que vous êtes un individu de sexe féminin, de taille moyenne, à la peau pâle et à la corpulence athlétique. Je peux aussi déduire votre tranche d’âge grâce à votre voix. Je dirais probablement entre vingt-cinq et quarante ans ». Le scientifique haussa les épaules, un sourire provocateur aux lèvres. « Vous savez que la CIA a des yeux et des oreilles partout. Rien qu’avec ces renseignements, je suis persuadé qu’ils parviendront à établir quelques profils ».

L’homme se pencha légèrement vers l’avant. « Je ne me répéterai plus. Dégagez de chez moi ».
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Manifestement, le Docteur Noé Roberts n'avait absolument aucune envie de lui répondre, et Andy lâcha finalement un soupir d'agacement face à ses bravades. Encaissant ses agressions et ses menaces sans rien répondre même si elle brûlait de plus en plus de lui faire fermer son clapet. De relever certains de ses mots également. Mais non. Elle se taisait toujours tandis que son regard habitué à l'obscurité détaillait autant que possible la silhouette qui se pencha bientôt vers elle pour lui intimer l'ordre de dégager. Doux espoir tandis que Quinze serra les poings pour retenir toutes ses velléités de répliques d'ordre physique. Là où son discours allait toutefois se faire moins conciliant puisqu'il refusait de l'être …

« Mes méthodes vicieuses ? Je dois bien avouer que cette expression me paraît assez déplacée, venant de vous. »

Si s'infiltrer chez lui pour lui poser des questions n'était certes pas très policé, ce bon docteur Roberts évoluait toutefois bien trop dans la fange pour pouvoir s'offusquer de si peu, et Andy n'allait pas se gêner pour le lui rappeler.

« Et vos méthodes consistant à enfermer des enfants dans des cages à chien pour les torturer très régulièrement, est-ce que vous les trouvez ''vicieuses'' également ? À moins que vous ne disposiez plus d'aucune moralité au point de trouver ça normal de tabasser des gamins pour les pousser à obéir ? Une bonne raclée, un bras cassé, une privation de sommeil ou de nourriture … ce sont là des méthodes assez classiques au laboratoire, non ? »

Si le contenu de ses paroles était assez horrible, le ton de Quinze demeurait toutefois égal. Calme. Presque détaché même. Comme si elle-même n'était pas choquée par ces pratiques pourtant ignobles.

« Alors certes, mon comportement est sans doute très limite, mais ne jouez donc pas les offusqué. Comme vous le soulignez vous-même, la CIA a des yeux et des oreilles partout, alors vous comprenez très certainement pourquoi je ne vous ai pas abordé en pleine rue pour taper la causette. Et comme vous le soulignez également, je suis en train de perdre mon temps avec vous et ce n'est pas quelque chose que j'apprécie. Alors je le répète une dernière fois : pourquoi avoir aidé un sujet d'expérience en fuite à la place de le dénoncer ?! »

Sur cette dernière phrase – cette question une fois de plus répétée – le ton de Andy s'était fait plus ferme cette fois-ci. Preuve s'il en était besoin qu'elle entendait bien ne pas repartir sans avoir obtenu une réponse. Une assurance pour son frère également.

« Mais si jamais vous vous obstinez un peu trop, sachez que je n'aurai aucune hésitation à vous faire subir ce que vous faites subir à tous ces gamins. Contrairement à ce que vous pensez, j'ai été bien élevée … mais chaque personne a ses limites et je ne partirai pas sans avoir obtenu des explications. »

Toute têtue et obstinée qu'elle fût, Andy n'avait toutefois pas très envie d'agresser Roberts pour lui tirer des aveux … mais Roberts ne la connaissait pas justement, et son attitude était assez menaçante pour qu'il y crût vraiment. Sans quoi, il pourrait bien goûter à certains effets de sa biokinésie s'il continuait à se taire.

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