Help I'm alive

Solal & Will

L’air était si vicié… Il faisait tellement froid… il n’y avait rien à manger… rien à boire… Dormir… impossible totalement avec la créature qui rôde. Will, n’était qu’un enfant, un gamin de constitution faible, pas un sportif. Il préférait les jeux vidéo et jeux de rôles qu’à jouer des muscles. Et le voilà dans un monde où le danger est partout, où il n’y a rien pour survivre. Où il doit chaque instant tenter de survivre. Mais l’épuisement est là, ça fait 14 jours qu’il est là… enfin il le sait pas, il n’a plus la notion du temps. La nuit est toujours présente, alors il ne voit pas les jours passés, juste sa force diminuer.
Il a tenté près de cette « maison » qui ressemble à la sienne, de se manifester, de se faire entendre de sa mère. Il a perçu sa voix, elle a communiqué… mais maintenant .... Il avançait dans ce bois encore plus sombre, tenant à peine sur ses jambes. Il avançait vers un lieu similaire à celui de son monde.
Le monstre le cherchait, il le savait, il avait fini par quitter la maison car trop dangereux, mais honnêtement. À quoi bon ? Il perdait espoir… personne ne viendrait le trouver là, il ne savait même pas comment en sortir.
Trébuchant, tremblant, affamé, anémié… se raccrochant aux arbres, aux branches qui lui arrachaient la peau. Le cœur au bord des lèvres, un tournis qui ne le quittait plus. Il cherchait le château Byers, celui qu’il avait construit avec son grand frère quand leur « père » était partie.

Penser à son grand frère justement… lui arracha un pincement au cœur, un picotement aux yeux mais aucune larme ne s’écoula. Il n’avait plus assez d’eau dans le corps pour réussir à pleurer. La gorge râpeuse, les lèvres sèches, la langue de papier… L’air lui semblait de feu dans ses poumons. Il toussa, dérapa sur les feuilles et chuta sur le sol assez lourdement. Il était bien tenté de rester là et s’endormir… il était bien tenté d’abandonner et de se laisser alors bouffer. Ses doigts enfoncés dans la terre, il haletait et fixait d’un regard trouble, épuisé, ce ciel sombre où voltaient ses choses.
Il se sentait incapable de se relever sur l’instant, tremblant de faim, de froid, son corps totalement affaibli. Il tenta de déglutir mais ça lui faisait mal. Il étouffa un râle, un soupir plaintif et un faible :
… Maman… Lui échappa dans un souffle rauque.

Puis en fermant un instant les yeux, il entendit comme un bruit, il entendit la voix de Mike au loin, celle de sa mère qui ne cessait de l’appeler « Will ! Will ! Will » … Il pensa fort Je suis là… venez me chercher…

Le bruit de feuilles se rapprocha… Il tiqua… son visage logé dans la terre. Ses paupières papillonnèrent faiblement, puis doucement s’ouvrir. Il fixa un point, une structure… Le château… C’était le château. Il se releva non sans mal, rampant presque comme un animal. Il y avait du bruit derrière lui, mais il était incapable de tourner la tête et voir… Il avait aussi peur que cela soit lui, le monstre.
Il continua, il touchait au but et puis …

« Sors de là ! ».

Will s’immobilisa le souffle court, la sueur glacée par l’effort, tremblant sur ses coudes plantés dans le sol terreux.

« A trois, je me mettrais à tirer. Un, deux .. »

C’était bien une voix humaine ? … Il ne rêvait pas ? Il tourna lentement son visage sale vers la voix. Il distingua une forme jaunâtre, un peu grossière, dont la tête semblait baignée de lumière. Un homme en scaphandre qu’il distinguait mal, mais qu’il devinait bien là.

… Ai…Aidez… moi… Murmura-t-il incapable de parler plus fort.

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Solal & Will

Ce point jaune… était ce réel ou irréel ?... En tout cas ça remua, cela semblait avoir un visage. Mais Will n’en était pas sûr. Ce n’était pas le monstre et ça remuait doucement dans sa direction.

« Will ? Will Byers ? »

Le gamin ne fit que regarder cette silhouette qui s’était rapproché de lui et qui était bien humaine. Épuisé, à bout, il demeura allongé sur ce sol. Entendre son prénom et son nom, fut comme un petit regain d’espoir. Il cligna lentement des yeux en réponse, totalement anémié, il n’avait plus la force de prononcer des mots. Déjà le faible râle pour l’interpeller l’avait tant coûté, comme aussi d’avoir eu l’idée folle de ramper jusqu’ici.

Tout doucement cette forme jaune au visage bleuté et lumineux, le manipula pour le mettre un peu plus « confortable » mais vu qu’il n’avait plus aucune énergie vitale dans ce corps, plus de quoi assurer de nourrir ses organes, ses muscles, il avait plus l’envie de vomir qu’autre chose. La tête lui tournait aussi, tout ce monde sombre tanguait violemment autour de lui, ce qui en était encore plus effrayant. Il ferma les yeux, dégluti mais ça brûlait tant dans tout son œsophage…

« Tiens, bois »

L’homme remua, tant d’énergie alors que lui-même se sentait tel un bout de chiffon, complètement amorphe et inerte… Puis doucement le goulot d’une gourde se pressa contre sa bouche, contre ses lèvres violacées de froid et totalement craquelées par la soif et les températures glaciales. L’eau vint provoquer en lui un vrai choc électrique alors qu’elle coulait dans sa bouche. Une énergie à peine soupçonnée le prix, il s’agrippa faiblement, mais serra quand même un peu le bras de cet homme, alors qu’il avalait cette eau qui dans sa bouche de sable et de pierre, procurait une sensation merveilleuse. Cependant la distribution lui sembla tellement courte, si fugace… En effet l’homme lui retira assez vite la gourde de la bouche et il faisait bien… trop boire provoquerait de violent vomissement. À moitié allongé, la tête reposant sur ses genoux, il ferma un peu les yeux, savourant un instant un confort dont il n’espérait même plus.
À nouveau ses mains puissantes, le firent se soulever de là et sans mal l’installer de façon à se faire ainsi face.

« Il est là quelque part ... le monstre ? »

Will fixa ce visage baigné par la lumière du scaphandre, mais était-il vraiment réel ? Ou était-il en train de rêver ? le genre de rêve avant de partir… car ça semblait vraiment trop beau pour que cela soit vrai.
Il déglutit une nouvelle fois, moins douloureusement, il avait encore soif et puis l’eau avait éveillé aussi la faim. Son estomac lui provoquait des crampes violentes, qu’il en grimaça de douleur.

… Il… me …cherche… Souffla-t-il.

Sa tête dodina brusquement, son regard se fit plus vitreux. Il claquait aussi des dents, frigorifié et effrayé, vivant depuis tant de jours dans la peur et la privation.
L’homme le souleva sans mal, le portant dans les bras. Il se sentait totalement balloté et il n’était plus capable de réagir. Les bras ballants, les jambes idem, il vit vaguement le ciel obscur… toujours au-dessus de lui. Puis les branchages reculés. L’homme marchait, le portait.

« T’as l’air gelé ... on va se mettre là-bas quelques minutes ... »

Les branches se firent plus denses, un édifice en végétaux, un peu en fouillis… le château Byers… Il se retrouva à l’intérieur avec lui. Il s’y posa là avec Will dans ses bras. Le gamin avait la tête qui reposait sans force contre son épaule. Il vivait ça comme un mirage, comme un songe un peu plus agréable que tout ce long et infernal cauchemar qu’il vivait depuis des jours.
Son esprit totalement agar se mit à délirer, il voyait son frère, sa mère, sa bande de potes, comme un mirage. Il crut entendre de la musique, l’une de celles des nombreuses compiles de son grand frère. Il fixa un point complètement amorphe.

« Tu m’impressionnes petit... »

Résonna si lointaine à nouveau la voix de l’homme en scaphandre jaune. Le gamin plongé dans des souvenirs qui n’en était pas vraiment. Mis encore plus de temps à réagir. Après des minutes qui s’éternisèrent, ses yeux bruns totalement sombres et éteinds, glissèrent vers lui, vers le haut, vers son visage irradiant de bleu.

… Ma… Articula-t-il dans un souffle pénible. … Man… Please…

Il voulait tant la revoir. Il voulait tant la retrouver, sortir de là. Il n’avait pas assez de force pour s’exprimer, plus la force de bouger, encore moins pour pleurer. Il l’impressionnait. Mais il n’irait certainement plus très loin désormais… Il était sur sa fin, il avait tout fait pour tenir le plus longtemps. Donné toutes son énergie des premiers jours à fuir, à donner des signes de vie à sa mère. Mais depuis trop longtemps maintenant il était seul… à fuir le monstre qui rôdait quelque part. Puis totalement à nouveau plongé dans une de ces illusions… ses lèvres violettes se mirent à remuer sans son, à mimer les paroles d’une chanson, la chanson de son frère, Should I stay ou should I go, claquant aussi des dents et tremblant recroquevillé contre le tissu rugueux jaune que portait l’homme au visage éclairé de bleu.

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Solal & Will

L’eau était un petit coup de pouce salutaire pour qu’il tienne le coup. Même s’il était encore bien anémié, ce petit geste était déjà beaucoup. Le temps était compté pour lui, Will ne survivrait pas un jour de plus, trop faible, il finirait par ne plus jamais se réveiller si la bête ne le trouvait et ne le bouffait pas avant. Il avait fait son maximum pour attendre de l’aide, pour vivre. Il avait usé de toutes les astuces pour échapper à la traque du monstre et de donner quelques indices à sa famille. Maintenant il se résignait à mourir, sans vraiment avoir conscience de ça, car si faible il s’abandonnait à un état léthargique, de somnolence mortelle. Voilà dans quel état cet homme avait trouvé le petit Byers disparut brutalement la nuit du 20 octobre… on était le 3 novembre, c’était impensable qu’il ait pu tenir réellement jusque-là… et pourtant…

« Ok. Ok. Tiens bon bonhomme, tu vas vite la retrouver ta maman ».

Réfugié dans cette pseudo cabane version upside down, la voix de l’homme le rappelait toujours à la vie. Car il sombrait, clairement, il avait murmuré son envie de sortir pour retrouver sa mère avec justes deux mots, pas besoin de plus pour comprendre qu’il ne voulait pas rester là. On appelle cela, l’instinct de survie, ou plutôt l’envie de vivre, même si le corps ne semblait pas être totalement d’accord.
L’homme remua à nouveau, Will était comme un pantin dont on avait coupé les fils, ballotant sous ses mouvements. En tout cas l’inconnu au scaphandre, retira son masque et ouvrit sa combinaison, pour ensuite le rapprocher de lui afin de le réchauffer. Il l’entoura un maximum de chaleur et le garda contre lui pour lui insuffler de l’énergie. Will se laissa aller contre cette présence réconfortante… Ça lui faisait penser à son frère… et s’il avait encore possibilité de pleurer, il l’aurait fait à ce moment.

« Grr ... qu’est-ce que je suis censé faire maintenant ? ».

… J…veux… sortir… Couina-t-il faiblement comme toute réponse. L’eau et un peu de chaleur lui insufflaient un soupçon de réaction.
Il ignorait à qui il avait à faire et que cet homme se retrouvait face à un cruel dilemme quoi qu’il choisisse. Il ignorait qu’hélas, cet homme qui lui prodiguait quelques réconforts et premiers soins, ne pourrait en réalité rien faire d'autre pour lui.

« Fais chier ... Ta mère pense à toi petit, elle ne t’a pas abandonné. Tu m’entends ? Elle garde espoir. Tu dois garder espoir toi aussi. Et te battre, encore un peu ».

Cette façon de lui ébouriffer les cheveux, cela lui rappelait sa mère… son grand frère… ce même geste affectueux si familier. Son désir de les revoir monta en flèche, ainsi que Mike… Dustin… Lucas… Il accrocha le pull de ses mains, faiblement et sa bouche se crispa. Il ne pouvait pas pleurer, il n’avait plus rien, alors il le faisait sans larmes, sans bruit, dans le silence et cette atmosphère toxique.

… Vite… Il ferma les yeux, cette chaleur… il claquait moins des dents, il tremblait encore un peu. Sa bouche lui brûlait moins, et une faible étincelle d’espoir montait dans son cœur, mais elle n’était qu’une légère flamme vacillante qui pouvait s’éteindre très vite d’un souffle glacé. Bien qu’il soit qu’un enfant, il n’était pas idiot, si on le sortait pas de là très vite, c’était fini pour lui. Il n’arrivait même plus à avoir peur, trop épuisé pour ça.

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Solal & Will

Une chance ou non… Autant pour Will que pour Solal, l’était du premier ne lui permettait clairement pas de réaliser totalement ce qui se passait. Will était à bout, son esprit s’embrouillait, percevant à peine que l’agent de la CIA était là. Ne réalisant pas cette situation critique. Par réflexe vital, purement, il s’accrochait à cet homme, répondait à sa voix mais il le faisait dans une semi-conscience… ou pouvait-on dire une demi-inconscience (un verre à demi plein ou vide en quelque sorte). Il réclamait sa mère, il voulait sortir d’ici et l’exprimait, mais il n’était plus vraiment là… Il déclinait, la mort se rapprochait. L’hypothermie, la faim, le monstre, l’air vicié, les infections avec… tant de facteur à son affaiblissement mortel.

Celui qui en réalité se torturait le plus actuellement, c’était bien Solal, tenant ce gamin dans les bras, tout chétif, tout maladif, tout faible, comme une poupée de chiffon avec plus qu’un souffle de vie. Une image plutôt crève-cœur, déchirante. Il était en proie au pire dilemme car sa décision comportait des risques pour cet enfant. Il lui avait donné un peu d’eau, maintenant il tentait de le réchauffer quelque temps. Alors que tout le monde le cherchait dans le monde normal… Lui il l’avait enfin trouvé, il l’avait dans ses bras, il le voyait sombrer et ne pouvait rien faire de concret pour l’empêcher.

Will était un bon garçon, rêveur, imaginatif, créatif, qui aimait sa mère, son frère, ses potes, qui supportait les moqueries des autres et même de son père. C’était un gentil garçon qui ne méritait clairement pas de finir là… oublié dans un monde sombre et froid et d’y mourir comme un pauvre chiot errant. La chaleur du corps de l’homme en scaphandre, inversa l’espace de quelques minutes seulement l'infernale machine. Le processus du déclin de son corps et de son esprit se stoppa, demeura un peu en stand-by. Par ses petites attentions, quelques points bonus s’ajoutaient dans la partie en faveur du gamin. Face au Démogorgon, l’eau, la chaleur humaine et maintenant… quelques vivres, même si c’était un pauvre gâteau tout sec et émietté… 2 points en plus dans l’énergie vitale, +1 point dans celui du destin. Peut-être qu’en faisant un 18 encore, il arriverait à s’en sortir .... Oui c’était presque comme une partie de jeu de rôles Donjon et Dragon, comme celles qu’ils jouaient avec ses copains… Juste un petit rien et la boule de feu cramerait enfin l’horrible monstre.

« Tiens, mange ça »

Le biscuit effleura ses lèvres gercées, l’odeur, le sucre dans sa bouche… Il grogna faiblement et agrippa d’une main sale et fébrile le reste pour le mettre en bouche. Il mâcha… mais sa bouche était si sèche qu’il toussa un peu avec. Il réussit cependant à avaler le gâteau… il l’avait fini bien vite et cela ne calmait en rien cette faim creuse et glacée comme ce monde.

« Désolé, t’auras droit à un plat de spaghettis plus tard ok ? »

Pour la première fois, les yeux de l’enfant semblèrent vraiment s’arrêter sur son visage et de le voir. Oui un instant le choc des regards, l’innocence et la peur croisant ce regard adulte et protecteur. Il ne dit rien tout était dans le regard, l’espace d’une seconde. Profitant certainement de cette attention, l’homme se pencha un peu plus pour lui parler :

« Ecoute-moi gamin ! Tu vas rester ici, d’accord ? Tu restes caché, tu m’entends ? »

Le petit Will laissait ses prunelles glissées dans les siennes, aller et venir comme s’il lisait ses lignes douloureuses qu’il venait de prononcer. Il émit juste une faible plainte, il avait capté… douloureusement, terriblement capté qu’il serait bientôt à nouveau tout seul ici… Et avec lui... le monstre. Il ne voulait pas, il voulait le retenir, le supplier mais… les mots ne sortaient plus de cette gorge brûlante et gonflée entre la soif, la faim et la peur. C’est son regard suppliant qui parla pour lui.

non… Ne me laissez pas… s’il vous plaît… aidez-moi…

Tout doucement, l’homme le coucha sur ce lit de fortune, le même qu’il avait installé dans cette vieille cabane. Le petit Will se recroquevilla en position fœtale, les lèvres tremblantes et ses yeux bruns le fixant toujours. Le teint blême, maladif, donnant à son regard cet air trop grand, trop sombre, trop émotif. Il s’était relevé, il semblait grand et fort dans cette petite cabane sombre et visqueuse. Sa main puissante ébouriffa ses cheveux :

« Tu vas t’en sortir Will Byers. Même si t’en as pas l’air, t’es un dur à cuire ! »

Il se mit à trembler à nouveau, le froid reprenait son droit, tenaillait à nouveau son corps épuisé. Sa bouche frissonna de plus en plus et il battit des paupières comme pour chasser des larmes qu’il ne possédait plus. Il préféra fermer les yeux que de le voir lui tourner le dos, de partir et de le laisser à nouveau tout seul dans ce monde effrayant et avec ce monstre qui le cherchait.