Te voilà dans ton refuge de fortune à écouter le vent souffler, tu frissonnes, celui-ci s'infiltre dans les interstices des planches de bois. Ce n'est pas un aussi bon abri que pourrait fournir la maison de ce Steve que tu as rencontré alors que tu t'étais introduite chez lui. Cette rencontre t'a perturbée et te perturbe encore. Il n'a pas été méchant, il n'a pas été violent, il a même offert son aide. Mais tu ne le connais pas, et même s'il avait beau être gentil, tu n'as pas su lui faire confiance. Ta confiance ne se gagne pas comme ça ! En plus, il a quelqu'un à qu'il tient. Qui te dit qu'il n'est pas allé parler de toi à ceux du laboratoire qui te cherchent ? Ça irait dans son sens. Collaborer pourrait lui offrir une protection pour lui et sa petite amie. Voilà un mot qui te paraît bizarre. Petite amie. Petite. Amie. Vraiment bizarre. De l'explication simple qu'il t'a donnée, tu as compris qu'il tenait à elle et ça t'a suffi. Parce que le concept d’être amoureux t'échappe totalement. Mais il a parlé d'Eleven, il a parlé d'autres personnes qui connaissent eux aussi Eleven, mais surtout, il a parlé d'elle. Et ça, tu l'as retenu, ça t'a intrigué. Tu t'es sentie perturbée car tu n'arrivais pas à savoir si c'était bien ou mal, surtout qu'il t'a dit qu'Eleven avait dû aller dans cet endroit noir pour trouver un monstre. Une créature. Sûrement la créature que tu as croisée quand tu étais dans l'autre monde. Et ça, ça t'a énervé. Tu tiens à Eleven comme tu tiens à d'autres cobayes. En soi, vous êtes une grande famille hétéroclite qui s'est formée grâce à la solidarité d’être tous des cobayes et au fait que vous viviez ensemble. Enfin, ensemble. Plutôt dans des cellules les unes à coté des autres.

Eleven fait partie des « bonnes personnes » car oui, hélas, il y a de « mauvaises personnes » parmi les cobayes, enfin, c'est ce que tu penses. Certains collaborent pleinement avec les gens du laboratoire, vont même dans leur sens. Comment peuvent-ils accepter ça ? Comment peuvent-ils adhérer à ça ? Tu ne le comprends pas. Il y en a, tu en es sure, sont utilisés pour vous traquer. Eux qui vous ressemblent. Eux qui d'une certaine façon sont les mêmes et sont surtout dans le même pétrin, eux, aident sans broncher les méchants. Non, vraiment, c'est invraisemblable pour toi. Tu ne comprends pas le comportement de certains des autres cobayes. Toi, certes tu as pris la place à plusieurs reprises d'autres personnes pour des expériences douloureuses, cependant ce n'était pas parce que tu adhérais à ce que font les gens du laboratoire mais parce que tu voulais épargner des souffrances aux plus jeunes. Tu pars donc du principe qu'Eleven est dehors, comme d'autres d'ailleurs tel que Five avec qui tu as pu avoir un contact. Five aussi tu la considères comme une petite sœur. Tous te manquent, tous ceux avec qui tu as eu un rapprochement, tous ceux qui comptent pour toi. Mais le moyen le plus sur de parler avec eux, c'est cet endroit obscur que les membres du laboratoire appellent « The Void ». Nom étrange pour qualifier un tel lieu, surtout que tu ne comprends pas ce que ça veut dire. Tu n'as pas eu à beaucoup réfléchir pour te décider à contacter Eleven, la décision était déjà prise quand tu étais dans la demeure de cet adolescent.

Tu te retrouves sans problème et rapidement dans cette « pièce » obscure, tout d'abord, tu ne te sens pas rassurée comme à chaque fois que tu y vas. Tu te sens vulnérable. Tournant sur toi-même tu peux remarquer que tu es seule. Tu t'en doutais, ça te rassure, pourtant tu te sens toujours autant fragile. Pas de monstre à l'horizon. Tu t'es toujours demandé s'il y avait un bout à cette « pièce », mais ce n'est certainement pas aujourd'hui que tu chercheras une réponse à cette question. Aujourd'hui, tu prends des nouvelles d'Eleven et tu cherches à savoir si ce Steve est de votre côté. « Eleven ?! » voilà, c'est lancé, à voir si elle répondra à ton appel. Si ça ne fonctionne pas, tu recommenceras plus tard, jusqu'à ce que ça marche.

Tu ne saurais dire combien de fois tu es allée dans cet endroit, tu préfères la méthode que tu utilises actuellement que le bassin dans lequel on te mettait pour que tu y ailles. Pas que tu n'aimes pas l'eau, en fait, tu ne saurais statuer sur ça et tu t'en fiches. Ce genre de pensées ne traverse même pas ton esprit. Pourtant, même si tu y es allée plusieurs fois, de nombreuses fois, tu ressens toujours cette sensation désagréable d'insécurité. Tu ne sais pas si dans cet endroit tes pouvoirs peuvent être utilisés. Et si tu te retrouvais nez à nez avec la créature, ou une autre, et que celle-ci t'attaque, comment te défendrais-tu ? Pourrais-tu ? Pourrais-tu partir de ce lieu ? C'est pour ça qu'au fond, tu as toujours apprécié cette solitude que tu retrouvais là-bas, ça avait quelque chose de rassurant d’être seule en sachant que d'autres pouvaient venir et vouloir te faire du mal. Tu es une battante, une guerrière, tu ne te laisserais pas faire, tu te défendrais. Comme tu t'es battue pour tenter de t'enfuir du laboratoire, pour montrer ton mécontentement d’être enfermée et de subir tout ce que tu as subi. Le nombre de morsures, de griffures, de blessures que tu as infligées. Le nombre de personnes que tu as tuées. Ils en étaient même arrivés à prendre des mesures contre toi tant tu étais sauvage, violente, indomptable, tant tu avais envie de liberté.

Tu as de la chance, ton appel a reçu une réponse. Eleven est là, devant toi, à quelques mètres. Un sourire heureux fleurit sur tes lèvres. Tu es contente de la voir. En quelques pas rapides tu la rejoins et bien trop heureuse de la voir, tu l'enlaces dans tes bras dans une étreinte chaleureuse. « Eleven ... » tu dis tout en la tenant contre toi. Vous voilà toutes les deux dans cet endroit sombre où l'on vous a forcé à y aller plus d'une fois lorsque vous étiez au labo. Tu te sépares d'elle, l'observe et la détail du regard, sourire aux lèvres, ses vêtements ne sont pas ceux du laboratoire. Tu en conclus qu'elle est dehors. Une bonne chose. « Contente de te voir ! »Tu as tant de questions qui traversent en ce moment ton esprit, tant de choses à lui demander. L'excitation et la joie que tu ressens en ce moment doit se sentir, tu es tellement contente de la voir. Si les propos qu'a tenus ce jeune homme sont vrais, et tu vas chercher à le vérifier, alors Eleven a pu s'enfuir et rencontrer des gens de l'extérieur qui ne lui veulent pas du mal. Peut-être que finalement les personnes vivant dehors ne sont pas toutes une menace ? Mais par mesure de prudence, tu préfères te méfier de tout le monde, sauf bien entendu de ceux que tu connais. Parmi toutes les interrogations qui se battent dans ton esprit pour sortir la première, tu fais un choix, une question basique mais très importante à tes yeux « Tu vas bien ? » Elle a l'air en bonne santé, mais il te faut entendre une réponse positive pour que tu sois définitivement rassurée.